Le projet
L’évacuation des populations peut être la seule parade pour faire face aux aléas soudains et réduire les risques, qui globalement augmente avec les taux d’urbanisation sur les littoraux et dans les deltas, la présence d’usines à risques dans des zones de fortes densités de population, et le changement climatique. Si la planification de cette stratégie est nécessaire, son évaluation en dehors d’un contexte de crise est difficile.
La simulation informatique prend donc le relais en s’appuyant sur des modèles de plus en plus réalistes. L’objectif est d’explorer les effets collectifs de milliers de décisions individuelles prises dans des contextes de stress, d’informations imparfaites et d’environnement potentiellement dégradé.
Pour répondre à cet objectif, les modèles intègrent une grande variété de profils et de comportements individuels ainsi que des modes de déplacement à pieds, en véhicules personnels et collectifs. Les simulations permettent alors de calculer des temps d’évacuation, d’identifier des zones vulnérables au sein des réseaux de transport ou de mettre en exergue des points aveugles dans l’organisation des plans.
Les opportunités de ce type de modèles au sein des cellules d’exercice de gestion de crise sont donc nombreuses.
C’est donc à ce problème majeur que s’attaque le projet ESCAPE dont l’objectif est de contribuer à la conception de systèmes d’aide à la décision dans le cas d’évacuations massives.
Le cœur de notre proposition est constitué d’un couplage entre systèmes d’information géographiques (SIG), modélisation multi-échelle à base d’agents et méthodes d’explorations de simulation. Celles-ci permettent d’explorer des questions scientifiques difficilement abordables par l’observation in situ et permettent dans un second temps de tester ou d’explorer différentes stratégies d’évacuation en collaboration avec des acteurs de gestion de crises.
À partir d’informations géographiques, démographiques et d’un simulateur de comportements de mobilité nous établissons des diagnostics relatifs au temps d’évacuation et identifions les contraintes locales de ces évacuations. Ce travail passe par l’exploration à différentes échelles de l’émergence de comportements collectifs qui sont potentiellement perturbateurs de l’évacuation et par l’analyse des solutions envisageables pour limiter leur impact sur la dynamique de l’évacuation. Le développement de démonstrateurs permet d’identifier les enjeux présents dans chaque cas d’étude.
Le produit final ESCAPE se composera ainsi de deux parties.
La première sera un ensemble d’extensions à la plate-forme de modélisation et simulation GAMA, qui auront pour caractéristique d’être génériques et réutilisables.
La deuxième comportera l’ensemble des démonstrateurs, construits en utilisant les extensions précédentes.
Ces deux parties offriront les moyens pour définir :
1. les données spatiales (structures topologiques et modes d’occupation du sol), sociales (génération et localisation des populations à des échelles fines) et des bases de connaissances sur les dynamiques de flux (points de comptage, flux horaire) ;
2. les données concernant l’ aléa , sous la forme de fichiers issus d’un SIG (cartes d’aléas) ou d’un modèle qui simule l’évènement ;
3. des bases de données sur les connaissances et les compétences des agentsselon leurs statuts (citoyen, service de secours, gestionnaire de crise). Cette base de connaissance intégrera le Plan Communal de Sauvegarde de la zone d’étude, le cas échéant ;
4. une architecture cognitive qui permettra de modéliser des comportements complexes liés à la mobilité en situation de crise et à la gestion de l’évacuation ;
5. le cadre d’exploration et de visualisation de simulations d’évacuation , en prenant en compte différents points de vue, à différentes échelles et suivant divers indicateurs de sorties.
Le projet ESCAPE est soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR-16-CE39-0011-01) et regroupe 4 laboratoires publics en collaboration avec un acteur privé de la gestion des risques.
L’Unité Mixte de Recherche « Identité et Différenciation de l'Espace, de l'Environnement et des Sociétés » (UMR 6266 IDEES) – Normandie Université & CNRS)
L’UMR IDEES regroupe environ 120 chercheur.e.s autour de spécialités telles que la modélisation et l’analyse spatiale, le transport et les environnements portuaires, la santé et les risques, les Technologies d’Information et de la Communication (TIC) ou encore les recompositions socio-territoriales.
L’Équipe d’Accueil « Laboratoire d'Informatique, de Traitement de l'Information et des Systèmes » (EA 4108) - Université de Rouen Normandie, Université du Havre Normandie et INSA Rouen Normandie.)
Le LITIS est l’unité de recherche dans le domaine des sciences et technologies de l’information de Haute Normandie. La démarche du LITIS est résolument pluridisciplinaire associant praticiens et théoriciens à la jonction de l’informatique, de la reconnaissance des formes, du traitement du signal et des image de la médecine et des mathématiques.
L’Unité Mixte Internationale « Unité de modélisation mathématique et informatique de systèmes complexes » (UMI 209 UMMISCO) – IRD)
Les activités de recherche de l'UMI Ummisco portent sur la modélisation mathématique et informatique des systèmes complexes naturels, biologiques ou sociaux ; le développement de nouvelles méthodes de modélisation informatique et mathématique. Ces travaux trouvent leurs applications dans les domaines des maladies émergentes infectieuses ou non, des changements climatiques et aléas naturels et des écosystèmes et ressources naturelles.
L'Unité de Service et de Recherche « Institut des Systèmes Complexes de Paris Ile de France »)
L’ISC-PIF est une unité de service et de recherche du CNRS dédiée au développement inter-institutionnel et inter-disciplinaire de la recherche sur les systèmes complexes. A la fois laboratoire de recherche, pépinière à projets, centre de ressources mutualisées, centre de conférences et espace de co-working académique, ce tiers-lieux scientifique met à disposition des chercheur.se.s un environnement de recherche dynamique et des outils innovants basés sur le big data et le high performance computing.
La société d’ingénierie Bas Rhône Languedoc Ingénierie (BRLi)
Acteur privé dans les domaines de la prévention et de la gestion de crise. BRLi est présente dans plus de 80 pays pour plus de la moitié de son activité économique, dans laquelle l’Afrique sub-saharienne, la Méditerranée et le Moyen-Orient occupent une place prépondérante. Deux tiers de l’activité de BRLi est porté par les activités Eau, dont gestion intégrée des ressources en eau et eau et risques.